Aimé-Marie-Gaspard Clermont-Tonnerre, in Richard K. Murdoch, Gallipoli, Brindisi e Taranto in un inedito rapporto militare degli anni 1807-1808, “Archivio storico pugliese”, 1970, I-IV, pp. 295-300.
Ministère de la Guerre, Dépôt de la Guerre, Documents Statistiques Mémoire sur Brindisi, Gallipoli et Taranto [au Roi Joseph, par M. de Clermont Tonnerre aide de camp du Roi].
Rapport à S.M. sur les Villes, et Forts de Brindisi, Gallipoli, et Taranto.
Sire : Conformément aux ordres de V.M., j’ai visité Brindisi, Gallipoli, mais ne devant pas être plus de deux absents de Tarante, je ne suis point allé à Otranto.
J’ai eu l’honneur de rendre compte à V.M. de l’État, et des besoins de cette place le 18 novembre 1807 ; depuis cette époque on n’y a fait aucun changement.
Gallipoli
Gallipoli me paraît suffisamment armé, fortifié et approvisionné en égard à l’importance militaire de cette place (V. l’état n.1) mais il y a des réparations très urgentes à faire, plusieurs parties de l’enceinte, et particulièrement la tour importante de St. George sous-minée par la mer au point de devoir incessamment écrouler : il existe en ce moment au-dela de 700 dts dans la Caisse des Fortifications provenant d’un impôt sur le commerce des huiles. Cette somme promptement employée par un ordre exprès de V.M. suffirait peut-être non seulement au rétablissement des principales parties de l’enceinte mais à quelques réparations dont le matériel de l’artillerie à a besoin. Si l’on diffère, il ne suffira pas avant un an peut être de 4000 ducats pour relever ce qui sera écroulé, et si la tour de St. George devait faire feu, il est possible qu’elle ne soutiendra pas l’explosion des cannons qu’elle porte.
On estime qu’il existe à Gallipoli pour une valeur de 4 millions de ducats d’huile. L’exportation est prohibée, c’est une grande calamité pour le Pays. Si cette denrée pouvait sortir, indépendamment du produit immense da la Douane, tout l’argent qui entrerait donnerait le moyen de payer les impôts ; d’ailleurs il peut arriver que l’ennemi instruit de cette richesse se présente devant Gallipoli, avec une flotte, écrase la ville de feu de ses vaisseaux, la force pour un moment à se rendre, et enlève ou détruise ces trésors que personne alors n’aurait payé.
Il paraît qu’il y a à Livourne beaucoup de bâtiments américains, qui avaient Gallipoli pour destination, il y en avait un à 3 mâts dans ce dernier port le 24, prêt à partir sans chargement.
Brindisi
L’importance du port de Brindisi si les communications de la Pouille pierreuse étaient faites, pourrait devenir telle qu’on dut mettre la Ville qui serait nécessairement alors au grand entrepôt de commerce, au moins à l’abri d’un coup de main ; maintenant le fort de mer est le seul objet réellement digne d’attention, mais si des circonstances heureuse permettaient à Brindisi de recouvrer son ancienne splendeur, le premier objet des soins de gouvernement devrait être de dessécher les marais qui sont aux deux extrémités du port intérieur, et qui occasionnent des maladies périodiques causes de la dépopulation actuelle de Brindisi ou de moins il faudrait donner un cours, et un foyer de réunion aux eaux qui y croupissent. Il faudrait ensuite rétablir des ponts qui sont aux extrémités du port intérieur, donner partout à la branche droite la profondeur de 30 pieds qu’elle a dans plusieurs endroit ce qui est facile vu la nature du sol ; prolonger les deux moles du canal qui unit les deux ports, et curer ce canal à trente pieds, rétablir le canal latéral de Charles d’Anjou qui donne dans la partie gauche du port intérieur, curer er approfondir plusieurs parties du port extérieur qui en sont susceptibles ouvrir les bouches des deux lacs nommés fiume piccolo, et fiume grande, établir un fanal et une tour de signaux aux Isles Bagne. Enfin élever de distance en distance des Colonnes où les bâtiments puissent attacher des câbles. Tous ces travaux ont été estimés 16,000 Dts par l’Architecte Carlo Tesano.
Depuis quelques mois on a fait par les soins de Mr le Général Ottavy les travaux les plus urgents au fort de Brindisi, de manière qu’il est déjà en état de défense respectable. On y compte 34 canons de divers calibres en état de faire feu, dont 23 sont à la place qu’ils doivent occuper, 3 mortiers, plus de 12,000 boulets, ou bombes, 24,764 Srs 30 de poudre, 24,345 cartouches, 118 gargousses de 24, & 33 (V. l’état n* 2), il faudrait pour compléter l’armement 3 gros mortiers, 3 canons de 24, et 8 de 33, et deux obusiers, il y a des vivres de réserve pour trois mois.
Les magasins, et les casernes sont en mauvais état, les troupes manquent de fournitures, il y a beaucoup des réparations très urgentes a faire aux murs intérieurs, et extérieurs : il y a divers travaux ayant pour but la sûreté des défenseurs qu’il serait important s’ordonner, enfin pour établir positivement la défense de la passe propre aux vaisseaux de guerre, il faudrait construire sur la terre ferme un fortin avec une bonne batterie dont les feux se croisassent avec les feux du fort, mais il serait à propos que tous ces travaux fussent ordonnés, estimés et dirigés par un officier de génie expérimenté. Il faudrait encore nommer pour commandant du fort un officier qui soit à la fois élevé en grade, et éprouvé sous le rapport de la valeur et de l’instruction. On manque absolument à Brindisi aussi bien qu’à Tarante des canonniers français.
Taranto
L’importance maritime, et militaire de la place de Taranto, l’entendue et la valeur des ouvrages à y élever ne demandent pas moins qu’un examen réfléchi, et fait sur les lieux par Mr le Général Chef du génie.
Tarante est susceptible d’être une place très forte, mais dans l’état actuel Tarante est à peine à l’abri d’un coup de main. Les ruines d’un ancien ouvrage qui avançait sur la grande mer offrent un point que l’on peut escalader : la muraille qui ferme la Ville du côté de la petite mer est percée en plus de 10 Endroits, celle du Front de la grande mer est très dégradée dans da base. Les ouvrage de l’Isle S. Paul dans l’état ou ils sont, ne la mettent pas à l’abri d’être enlevée de vive force par 500 hommes déterminés.
La Batterie di S.Vito n’est point fermée, elle peut par conséquent être enlevée, et alors les Batteries de l’Isle St Paul en supposant que l’ennemi n’ose pas en risquer l’attaque, ne peuvent empêcher une flotte d’entrer dans la rade par un vent frais, de s’embosser, et de fronde y en la place.
L’armement de Tarante, et des forts se compose de 63 pièces de canon, 4 mortiers, environ 550 fusils, ou tromblons, 42,399 cartouches, 271 cantara de poudre (V. l’état N°), l’approvisionnement du biscuit passe 1200 quintaux, mais une grande partie est avariée.
L’ouvrage de toute urgence était de fermer la Batterie de St Vito, et Mr le Général Ottavy y va faire travailler les soldats du 191eme, d’après le dessein que j’ai arrêté avec lui sur le terrain. La tour sera enfermée dans un fortin qui aura le moins de développement possible, et comme on ne peut pas faire de fossé en avant de la partie qui regarde la mer, on formera un réduit par un mur crénelé en avant du magasin à poudre avec une coupure au parapet de manière à empêcher l’ennemi de tenir dans l’espace que les pièces occupent, quand on aura été obligé de l’abandonner.
La tour enfin offrira une dernière ressource : il y aura un fourneau à rougir, la dépense totale sera environ 1000 Dts.
Après la Batterie de S. Vito, le point dont il est le plus pressant de s’occuper est l’Isle St Paul : il faut par un mur crénelé fermer la batterie casematée de l’orient, qui par sa hauteur est a l’abri de l’escalade : il faut fermer la batterie de l’Occident de manière à la mettre à l’abri d’un coup de main. Enfin il faut achever le Fort La Clos qui occupe le centre de l’Isle, et l’armer d’une manière formidable.
Un autre objet non moins urgent, mais moins cher est la réparation du pied des murailles sur la grande mer qu’il faut préserver par des morceaux de rochers du mouvement destructeur des vagues, et la clôture de la Ville sur la petite mer.
Il faut aussi transporter dans un des couvents supprimés l’Arsenal, et les magasins d’approvision [qui sont] hors des murs sur la Route de Lecce, et quant aux moyens de faire de Taranto une Ville très forte, sa position l’indique naturellement.
Il y a en dehors de la porte de Lecce un front de fortification facile à tracer sur une base d’environ 300 T en ligne droite auquel le Redan existant actuellement, et formant tête de pont servira de réduit, et en dehors de la porte de Naples un autre front à élever sur une Base de 650 Tses, à un fort à construire à la pointe du petit port. Le front, et le fort pouvant être enveloppés par un même chemin couvert qui aurait environ 1000 Tses de développement. Il n’est pas besoin d’énumérer ici à V.M- les avantages de la position de Tarante sous les rapports défensifs et des deux fronts parfaitement isolés, et indépendants, ayant chacun pour réduit la Ville, qui elle-même est une forteresse, pouvant avoir leurs flancs disposés de manière à assurer la possession de la grande rade, et de la petite mer, et obligeant nécessairement l’armée ennemie à se partager en deux parties sans autres communications que par le contour de la petite mer, sur laquelle d’une surveillance bien active, la Ville trouverait toujours le moyen de communiquer avec la terre. Mais peut être suis-je déjà sorti du cercle dans lequel je devais me renfermer. Le tableau détaillé des travaux à faire, aussi bien que l’évaluation des défenses doit [être] présenté à V.M. par une main plus habile.
La Ville de Tarente a un revenu annuel de 8500 Dts, ses charges y compris une rente de 3999 dts surpassent ordinairement la recette d’environt 2000 ducats par an.
Il n’y a point comme à Gallipoli de Caisse pour les Fortifications, les revenus des convents actuellement existants ne s’élèvent qu’environ à 12,000 ds, et ils contiennent près de 80 moines et plus de 100 religieuses.
La Ville a dépensé extraordinairement depuis deux ans 5000 ds pour de fournitures de casernement, et d’hôpitaux qui ont été remises aux entrepreneurs sous l’engagement que V.M. les rembourserait. La Ville a payé en outre lors de la conquête pour 5000 dts de biscuits, et des vivres qui ont été portés en Basilicata pour l’Armée de Calabre par ordre de Mr le Général Duhesme.
Une calamité réelle pour la ville de Tarante est sans syndic stable. Ceux qui l’on nomme remercient presque aussitôt, et trouvent moyen de faire accepter leur démission a l’Intendance. J’ai vu ici un ancien syndic nommé Pantaleo, qui l’a été 5 mois, qui est capable, et a la réputation d’être homme de bien.