Voyage de Georges Lengherand, mayeur de Mons en Haynaut, à Venise, Rome, Jérusalem, Mons Sinaï et Le Kayre

Georges Lengherand, Voyage de Georges Lengherand, mayeur de Mons en Haynaut, à Venise, Rome, Jérusalem, Mons Sinaï et Le Kayre, in « Annales Archéologiques », vol. XXII, 1862, p. 139-141.

Bari — « L’église de Saint-Nicolas de Bar est fort somptueuse, dont à l’entrée de ladite église, au portail, il y a la figure d’un bœuf taillé en pierre. Dedans ladite église, à la bonne main sur le côté du chœur, il y a un saint-Nicolas en peinture lequel est sur toile, et est la figure dudit saint maurienne, car ce saint, en son vivant, était tel. Et quand le saint fut, là endroit, amené par deux bœufs, comme l’histoire le porte, on dit que la peinture fut amenée sur le char avec le corps saint et le pilier. — C’est une fort belle église, car elle est assise sur la façon et manière de l’église de Saint-Jean, en la ville de Gand ; car, sur chaque côté du chœur il y a deux montées de pierres, lesquelles sont fort somptueuses et larges, pour descendre bien à l’aise personnes de front à chacune, et sont de marbre blanc, et sont appuyées aussi de la pierre et y a XXI degrés pour descendre jusques à le huis du chœur, lequel est dessous le principal chœur, et puis on en descend environ V : adonc on est en la propre place où repose le corps du saint-Nicolas le glorieux confès ; dont il appert qu’il y a ensable par chacune montée XXVI degrés. Le chœur est fort beau et grand, et assez sur la façon du chœur de bas, comme dit est de l’église Saint-Jehan en la ville de Gand, voire sans avoir issue sur rue, et ce dit cœur n’a issue sinon en ladite Église. Nous venus en bas, où nous montra un pilier, lequel est rouge, lequel je tiens, être de peinture et, dit-on, qu’il fut amené, comme dit est, avec ledit Corèz et drap, lequel est en peinture, par les bœufs miraculeusement en ladite église. Lequel pilier est enclos de fer, et y a un huis pour entrer dedans. Et dit-on qu’une personne qui sera en péché mortel n’y pouvait entrer ; mais je n’y entrai pas. Lequel pilier est au milieu de ladite place sur la bonne main. Au milieu de ladite place, là est l’autel dudit Saint-Nicolas et, auquel autel le corps du glorieux s’est, et est ledit L’autel enclos de fer, comme en l’église Saint-Géry, en Vallenchiennes, l’autel Saint-Roch: et, entre le fer et ledit autel, sur la main gauche, il y a ainsi comme des basses formes et par-devant un bas estapleau, pour y asseoir III on IIII prêtres : auquel lieu, on y chante vêpres et grande-messe. Ledit autel est garni d’argent tout autour, et, par devant, y a comme deux feuillets, lesquels se ferment à la clef. Et, quand les deux feuillets sont ouverts, on ouvre encore par terre comme une grande salière dont le couvercle est de laiton, auquel y a un crucifix ; et, par ledit trou, ou pertuis, lequel est environ aussi grand comme ma paume, je regardai comme pour cuider voir ledit corps du glorieux saint-Nicolas ; mais on n’y perçoit rien, sinon quand on a de la chandelle. Alors on perçoit tout en bas ainsi comme une lampe rendant une grande clarté, laquelle est pleine d’huile, et, là-dessous est le corps dudit saint Nicolas, lequel rend ladite huile, laquelle s’appelle manne, de laquelle on en donne à chaque pèlerin une ampoulette, dont, pour ma part, je trouvai la manière d’en avoir trois. Et après, mons. de Reul un prêtre et moi allâmes par-devers l’évêque, à cause de ce que ledit Saint ne savait pas un mot de latin, et fis tant auprès dudit évêque que ledit Saint de Reubenpret en eut XII ampoulettes, pour sa part, de ladite manne. On m’en donna tant sur mes yeux comme sur mes bagues lesquelles j’avais rapporté de Jérusalem et aussi aux autres, comme est la coutume. La table d’autel, là où repose le corps dudit saint Nicolas, est tout d’argent.»

Brindes [Brindisi]. ― « À Brandis il y a II colonnes de pierre, sur lesquelles y soulait avoir des idoles que Virgile adorait. En ladite ville, en la grande église, là repose le corps de saint Théodore. En icelle ville y a un lieu qui se nomme lysolle, lequel lieu s’appelle aussi la croix Saint-Andrieu. Nous disons en ce pays-ci que Notre-Seigneur Jésus Christ fut porté par saint Christophe outre la mer. Mais quand on leur demande s’il est vrai, ils n’en savent rien et ne disent ni oui ni non. »

Les protagonistes de l'imaginaire et leurs Oœuvres

Bref profil biobibliographique des auteurs des textes.