Nicolas Bénard, Le voyage de Hierusalem et autres lieux de la Terre saincte, Paris, Denis Moreau, 1621, p. 380-381 : Le vingt septième jour dudit mois, nous allâmes du matin en ladite église où ledit sieur Resteau célébra la sainte messe sur l’autel, qui est dessus le tombeau et sépulture du bienheureux saint Nicolas, et moi ayant auparavant été par lui ouï en confession, n’y ayant point d’autre prêtre français, il m’administra le saint Sacrement de l’Eucharistie que je reçus avec toute humilité et dévotion rendant grâces à Dieu de ce que nous avions heureusement accompli notre pèlerinage en priant le benoit S. Nicolas être intercesseur pour nous. Après toutes nos prières, dévotions et oblations faites devant le Sépulcre du bienheureux saint, nous eûmes cette joie spirituelle de voir ses ossements et l’huile sacrée qui en fort, et distille, et plusieurs autres saintes reliques, entre lesquelles est un bras incarné de saint Jacques le mineur, et un gros os de saint Laurens encore tout noir de la brûlure, et le vrai portrait de saint Nicolas, lesquelles nous furent montrées par le sacristain prêtre chanoine de ladite Église.
Paul Bourget, Sensations d’Italie. Toscane, Ombrie, Grande-Grèce, Paris, Lemerre, 1891, p. 196-197 : Sainte-Beuve avait raison. Les Dieux anciens n’ont jamais entièrement quitté ce ciel et cette terre. L’immortel paganisme, même dans ce dur Moyen-Âge, se rencontrait mêlé partout au triomphe de la religion rivale, sinon pour la corrompre, au moins pour altérer son caractère de pure spiritualité. Cette permanence secrète des vieux Olympiens a son symbole dans ces églises où les colonnes des cryptes gardent encore sur leurs chapiteaux les emblèmes des temples impies auxquels elles furent enlevées ; où les devants d’autels sont des débris de sarcophages ornés encore de leurs sculptures ; où les moindres détails révèlent le besoin exaspéré de l’image, du mythe rendu palpable et concret, de ce sensualisme mystique, qui est encore une piété mais inquiétante et déjà trouble