André Pieyre de Mandiargues, Le Belvédere, Paris, Bernard Grasset, 1958, p. 134-135 : Alberobello est une petite ville de dix mille habitants, presque entièrement construite en trulli, dont les corps cylindriques, sous les cônes qui les coiffent, sont unis par des cubes ou des prismes rectangulaires, le bas étant blanchi à la chaux ou bien peint en bleu vif ou en rose, la toiture étant sombre ou vernissée. Il y a même une église trullo, et un trullo sovrano, à deux étages. Une maison de trulli croît à la façon d’un nid de guêpes ou d’abeilles sauvages, une cellule s’ajoutant aux autres quand, par mariage, naissance, il en est besoin. Ainsi, à la manière aussi des jeux de construction enfantins, une architecture de trulli, quoique rigoureusement géométrique, n’est absolument pas limitée dans l’espace, et chacune, sans perdre rien de sa forme, pourrait s’étendre jusqu’à occuper la surface du globe terrestre… Il faut entrer dans ces habitations singulières pour avoir la révélation d’un volume intérieur et de proportions domestiques où les architectes modernes prendraient de bonnes leçons. Si l’extérieur est riant, l’intérieur est parfaitement propre. L’amabilité règne et les propriétaires de trulli sont gentiment hospitaliers, ouvrant au premier venu la porte de leur petit monde cubo-tronçonique.