Victor Delpuech de Comeiras, Abrégé de l’histoire Générale des voyages faits en Europe, vol. 9, Paris, Moutardier, 1804, p. 290-291 : Le 22 avril, nous partîmes de grand matin pour aller examiner le champ de bataille de Cannes, fameux par la victoire remportée par Hannibal sur les Romains, l’an 536 de Rome. Nous prîmes le chemin de Barletta. En suivant la rive droite de l’Ofanto : une chaîne de petites montagnes dépouillées de bois et distribuées en pâturages et en terres labourées, borde la rivière, de ce côté, pendant un espace de quatre milles, au bout desquels nous entrâmes dans une plaine terminée par les monticules sur lesquels était située la ville de Cannes.
Les vestiges de la ville de Cannes sont très peu de chose ; ils ne consistent qu’en quelques fragments d’autels, de corniches, de portes, de murs, de voûtes et de souterrains qui servaient de magasins à blé. Elle fut ruinée l’année avant la bataille ; mais ayant été rebâtie de nouveau, elle devint le siège d’un évêché dans les premiers siècles du christianisme. Elle fut ruinée de nouveau dans le sixième siècle. La prospérité des villes maritimes, dont la richesse et la population s’étaient augmentées par les croisades et par le commerce, devint la ruine des grandes villes de l’intérieur ; et il est probable que celle de Cannes a été entièrement abandonnée avant la fin du treizième siècle.